Trafic de contrefaçons : comment TikTok est devenu une arme pour les douanes marocaines.

Trafic de contrefaçons : comment TikTok est devenu une arme pour les douanes marocaines.

Les autorités douanières marocaines intensifient leur lutte contre la contrefaçon, utilisant désormais les réseaux sociaux comme outil d’enquête. Des vidéos diffusées sur TikTok ont permis aux services de renseignement de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) d’identifier des réseaux de trafic de marchandises “high copy” opérant entre la Chine et le Maroc, avec Casablanca comme principal point de distribution.
Des réseaux actifs entre la Chine et le Maroc
Selon des sources proches du dossier, des Marocains établis en Chine et au Maroc ont diffusé sur TikTok des extraits vidéo révélant des failles dans les contrôles aux frontières, utilisées pour introduire sur le territoire d’importants volumes de marchandises contrefaites, notamment des vêtements et chaussures portant des marques internationales.
Alertée, l’ADII a lancé une opération de contrôle d’envergure dans les ports de Tanger Med et Casablanca, ainsi qu’à l’aéroport Mohammed V, tout en déclenchant un audit interne des flux de marchandises en provenance d’Asie. L’opération cible particulièrement les manipulations de factures et de déclarations douanières permettant de contourner le paiement des droits et taxes.
Une logistique structurée et des complicités locales
Les enquêtes ont permis de révéler que certains ateliers clandestins en périphérie de Casablanca utilisaient des tissus importés légalement par des entreprises du textile pour confectionner localement des copies de haute qualité. Ces produits étaient ensuite écoulés dans des boutiques se présentant comme des points de vente de produits authentiques, alimentant le marché local tout en concurrençant les importations légales.
Les douanes ont également reçu des rapports confidentiels mentionnant les noms de trafiquants présumés, les adresses de boutiques spécialisées dans la vente de produits contrefaits à Casablanca, Tanger et Agadir, ainsi que l’emplacement d’entrepôts de stockage entre Casablanca, Rabat, Mohammedia et El Jadida.
Un phénomène en expansion via le numérique
Les autorités ont confirmé que l’utilisation de TikTok par les contrebandiers pour promouvoir ces produits a facilité leur traçabilité numérique, permettant des saisies de stocks importants lors d’opérations ciblées.
Selon les dernières données officielles, plus de deux millions d’articles contrefaits ont été saisis au Maroc en 2024, pour une valeur de 19,9 millions de dirhams, marquant une hausse de 11 % sur un an. En parallèle, 622 demandes de suspension de circulation de produits suspectés d’être contrefaits ont été traitées par l’ADII.
Un enjeu pour l’économie et les entreprises locales
La prolifération de marchandises contrefaites menace les équilibres de l’économie formelle, pèse sur les recettes fiscales et nuit à la compétitivité des entreprises locales. Dans ce contexte, le recours aux réseaux sociaux comme outil de détection et d’investigation devient un levier stratégique dans la lutte contre la contrefaçon au Maroc.
La digitalisation des contrôles douaniers et la coordination entre les différents services impliqués restent des priorités pour renforcer l’efficacité des actions entreprises et protéger les consommateurs contre la prolifération de produits contrefaits, alors que le commerce en ligne poursuit son expansion rapide sur le marché marocain.

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