Inflation : Le Maroc enregistre son plus bas taux depuis trois ans, à 0,9 % en 2024

Inflation : Le Maroc enregistre son plus bas taux depuis trois ans, à 0,9 % en 2024
Après deux années sous haute tension, marquées par une flambée des prix, l’inflation au Maroc a connu en 2024 un net repli, s’établissant à 0,9 %, contre 6,1 % en 2023. Ce recul spectaculaire — le plus bas depuis 2021 — est mis en évidence dans le rapport annuel de Bank Al-Maghrib, qui l’attribue à une combinaison de facteurs : l’atténuation des chocs externes, le resserrement de la politique monétaire, et les mesures publiques ciblées de soutien au pouvoir d’achat.
Une désinflation portée par les produits alimentaires
La baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils a constitué un facteur déterminant. Ces produits, qui avaient contribué à la flambée inflationniste en 2022-2023, ont vu leurs prix reculer de 2,9 % en 2024. Les agrumes (-26,9 %) et les légumes frais (-16,3 %) ont fortement tiré la tendance vers le bas, grâce à de meilleures récoltes et à la baisse des coûts agricoles (engrais, énergie). À l’inverse, certains produits comme les poissons frais (+9,7 %) ou les viandes de volaille (+7,3 %) sont restés sous tension.
Effets contrastés des mesures réglementaires
Du côté des prix encadrés, l’inflation reste modérée (+1,2 %), mais certains ajustements ont pesé sur les ménages, notamment la décompensation partielle du gaz butane (hausse de 15,3 % depuis mai 2024). La quatrième tranche de hausse de la TIC sur le tabac a aussi contribué à la pression sur les prix réglementés.
En contrepartie, des mesures de soutien ont permis d’alléger la facture de certains biens, notamment la suppression de la TVA sur les produits pharmaceutiques, qui a induit une baisse de 5 % sur ce poste.
L’énergie et la dynamique des prix importés en repli
Les prix des carburants et lubrifiants ont poursuivi leur repli (-3,4 %), soutenus par la baisse continue du baril de Brent et par l’appréciation du dirham face au dollar. Cette évolution a atténué l’inflation importée, notamment sur les biens échangeables, dont la hausse a chuté à 1,2 %, contre 6,4 % un an plus tôt.
Une inflation sous-jacente nettement contenue
L’inflation sous-jacente — qui exclut les produits à forte volatilité — a également fortement ralenti, passant de 5,6 % en 2023 à 2,2 % en 2024. Cela reflète notamment la stabilisation des prix des denrées alimentaires transformées (huiles +1,7 %, lait +0,4 %, céréales -0,8 %), bien que certains produits, comme les viandes fraîches (+11 %), continuent de tirer les prix vers le haut.
Une modération généralisée dans les secteurs non alimentaires
Les biens non alimentaires ont également vu leur inflation baisser : mobilier et équipements ménagers (+0,9 %), habillement (+2 %), et éducation (+2,1 %). Les services ont connu une hausse limitée (+1,4 %), malgré quelques hausses dans les services médicaux ou l’enseignement secondaire.
Tendance annuelle : un profil en trois phases
L’évolution de l’inflation en 2024 s’est articulée en trois phases : un début d’année marqué par une chute brutale des prix en février (0,3 %), une phase intermédiaire de stabilisation au printemps, puis un rebond temporaire durant l’été avant un retour à 0,7 % en décembre. L’inflation sous-jacente est restée globalement stable, oscillant entre 1,9 % et 2,5 %.
Vers un apaisement structurel ?
La production industrielle a elle aussi bénéficié de cette détente : les prix à la production dans l’industrie alimentaire ont baissé de 1,1 %, ceux de l’industrie chimique ont chuté de 5,3 %, tandis que le secteur manufacturier global a vu ses prix reculer de 1 %, contre une hausse de 1,6 % en 2023.
Ce retour vers une inflation contenue marque une pause salutaire dans un contexte économique mondial toujours volatil. Reste à voir si cette dynamique pourra être maintenue durablement, alors que les risques liés au climat, aux prix de l’énergie et aux tensions géopolitiques demeurent.