Le Maroc face aux défis alimentaires mondiaux : renforcer sa souveraineté agricole devient une urgence

Le Maroc face aux défis alimentaires mondiaux : renforcer sa souveraineté agricole devient une urgence
Dans un contexte de tensions sur les marchés agricoles mondiaux, un rapport conjoint de l’OCDE et de la FAO appelle le Maroc à accélérer sa transition vers une agriculture plus résiliente et intégrée aux chaînes de valeur mondiales. Alors que la consommation de denrées agricoles et halieutiques devrait croître de 13 % d’ici 2034, le rapport OCDE-FAO Agricultural Outlook 2025-2034 souligne l’urgence d’agir face aux inégalités nutritionnelles, aux pressions environnementales et à la volatilité des prix.
Le Maroc, encore fortement dépendant des importations pour ses besoins en céréales, huiles et protéines animales, reste vulnérable aux chocs climatiques et géopolitiques. Bien que les prix mondiaux soient appelés à baisser en termes réels, leur volatilité continuera de peser sur les producteurs marocains, en majorité de petite taille, peu équipés pour gérer l’incertitude.
Le rapport identifie deux leviers essentiels : l’augmentation de la productivité et la réduction des émissions liées à l’agriculture. À l’échelle mondiale, atteindre ces objectifs permettrait de réduire de 7 % les émissions agricoles tout en éradiquant la sous-alimentation d’ici 2034. Pour le Maroc, cela passe par des investissements accrus dans l’irrigation, la recherche agronomique et l’adoption de pratiques culturales durables.
Le commerce jouera également un rôle stratégique. D’ici 2034, plus de 20 % des calories consommées dans le monde devraient provenir des échanges internationaux. Le Maroc pourrait ainsi consolider sa position d’exportateur de fruits et légumes, à condition de renforcer ses infrastructures logistiques, ses normes sanitaires et ses accords commerciaux.
Les contraintes écologiques restent cependant un défi majeur. La rareté des ressources hydriques, exacerbée par le changement climatique, impose au Maroc d’adopter une gestion plus efficace de l’eau, de diversifier ses cultures et de favoriser les filières à haute valeur ajoutée.
Enfin, la dimension nutritionnelle demeure centrale. Avec des niveaux de consommation de protéines animales inférieurs aux recommandations internationales, le Maroc est appelé à mettre en place des politiques d’accès à une alimentation saine tout en soutenant la production locale de protéines.
Face aux incertitudes mondiales, le Maroc doit saisir l’opportunité de renforcer sa souveraineté alimentaire tout en s’adaptant aux exigences d’une agriculture durable, pour garantir la sécurité nutritionnelle de sa population et stabiliser son économie agricole.