Maroc : L’État face au défi des subventions énergétiques, entre équité sociale et transition verte

Maroc : L’État face au défi des subventions énergétiques, entre équité sociale et transition verte
Alors que les prix du pétrole se stabilisent à l’échelle internationale, le Maroc est à la croisée des chemins en matière de politique énergétique. Depuis la levée progressive des subventions sur le carburant entamée en 2013, le débat refait surface : faut-il aller plus loin dans la décompensation des produits énergétiques, ou renforcer les dispositifs de soutien pour les ménages vulnérables ?

La Caisse de Compensation, historiquement chargée de stabiliser les prix des biens de première nécessité, représente encore un poste budgétaire conséquent, bien que largement réduit par rapport à il y a dix ans. En 2024, plus de 15 milliards de dirhams y ont été consacrés, principalement pour le gaz butane et la farine. Mais dans un contexte d’inflation contenue et de pression pour accélérer la transition énergétique, des voix s’élèvent pour une réforme plus profonde du système.

Des arbitrages complexes
Supprimer totalement les subventions sur le gaz butane, utilisé massivement dans les foyers marocains, permettrait de libérer des ressources budgétaires considérables. Mais cela pourrait aussi exacerber les inégalités sociales, notamment en milieu rural, où le gaz est essentiel pour la cuisson.

Le gouvernement étudie actuellement un mécanisme de ciblage direct : verser une aide financière ciblée aux ménages à faible revenu, tout en libérant progressivement les prix à la consommation. Cette démarche, techniquement complexe, est aussi politiquement sensible, dans un contexte de méfiance vis-à-vis des réformes perçues comme « antisociales ».

Une opportunité pour la transition énergétique ?
Sur le long terme, la levée des subventions pourrait servir de levier pour orienter la consommation vers des sources d’énergie renouvelables, notamment le solaire domestique. Le Maroc, déjà pionnier en matière d’énergie verte à grande échelle, pourrait ainsi décliner sa stratégie au niveau des ménages, en finançant par exemple des kits photovoltaïques pour les foyers les plus modestes.

Mais pour réussir ce virage, il faudra plus qu’un simple transfert budgétaire : une campagne nationale d’information, des mécanismes de confiance et un accompagnement social seront nécessaires pour faire accepter cette transformation.

Conclusion
La réforme des subventions énergétiques est un test majeur pour le Maroc : entre impératifs budgétaires, justice sociale et transition écologique, le pays doit inventer une nouvelle voie. Une régulation fine, transparente et progressive pourrait en faire un modèle régional de réforme économique à visage humain.

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