Transport et transition énergétique : Le Maroc à l’heure de la mobilité durable

Transport et transition énergétique : Le Maroc à l’heure de la mobilité durable
Alors que les émissions de gaz à effet de serre issues du transport continuent de croître à l’échelle mondiale, le Maroc amorce une transformation ambitieuse de son secteur de la mobilité. À l’intersection des impératifs environnementaux, des innovations technologiques et des besoins croissants en infrastructures modernes, le royaume esquisse les contours d’un nouveau modèle de transport, plus durable, inclusif et tourné vers l’avenir.
Un secteur stratégique mais encore dépendant aux énergies fossiles
Le transport représente plus de 38 % de la consommation énergétique nationale, dont l’écrasante majorité repose sur les carburants fossiles. Cette dépendance a un coût économique, avec des importations de pétrole qui pèsent lourdement sur la balance commerciale, mais aussi un coût écologique majeur. Le parc automobile, en forte croissance, accentue la pollution urbaine, notamment à Casablanca, Rabat et Marrakech.
Pourtant, le Maroc dispose d’atouts pour enclencher une transition énergétique dans la mobilité. Il bénéficie d’une stratégie nationale claire en matière d’énergies renouvelables, d’une expertise croissante en infrastructures vertes, et d’un engagement politique renouvelé en faveur du climat.
L’électromobilité en phase d’émergence
L’un des leviers les plus prometteurs de cette transition est le développement de l’électromobilité. Si le marché des véhicules électriques (VE) reste encore modeste – moins de 1 % du parc – des signaux encourageants émergent. Le gouvernement a récemment adopté des incitations fiscales pour l’importation de véhicules électriques et hybrides, tout en lançant des appels d’offres pour déployer des bornes de recharge sur l’ensemble du territoire.
Parallèlement, des entreprises locales investissent le segment : à Tanger, une start-up développe des scooters électriques adaptés aux livraisons urbaines, tandis que des taxis électriques commencent à circuler à Marrakech dans le cadre de projets pilotes. Le potentiel est réel, notamment dans les flottes d’entreprise et les transports publics.
Transport public : vers une modernisation verte ?
La réforme du transport public est également au cœur de la dynamique de durabilité. Le lancement du Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) à Agadir, ainsi que l’extension du réseau de tramway à Rabat et Casablanca, illustrent cette volonté d’offrir des alternatives efficaces, propres et accessibles à la voiture individuelle.
Cependant, des défis subsistent : vétusté des bus dans plusieurs villes, fragmentation des acteurs, et inégalités territoriales dans l’accès aux transports modernes. Une politique nationale de mobilité urbaine intégrée, couplée à des investissements massifs dans les infrastructures, est attendue pour structurer cette transition.
Le ferroviaire : pilier de la décarbonation
Dans cette quête d’un transport bas-carbone, le ferroviaire occupe une place centrale. L’ONCF, fer de lance de la modernisation du rail marocain, ambitionne d’électrifier 60 % de son réseau d’ici 2030. Le succès de la ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca a ouvert la voie à d’autres projets, dont la LGV Marrakech-Agadir, stratégique à la fois pour le tourisme et le désenclavement du Sud.
De plus, l’introduction de trains alimentés par l’énergie solaire, couplée à une meilleure interconnexion avec les autres modes de transport, pourrait faire du rail un axe structurant de la mobilité durable marocaine.
Un tournant à ne pas manquer
La transition vers une mobilité durable ne saurait se résumer à une simple substitution technologique. Elle appelle une réorganisation des espaces urbains, une meilleure régulation des flux logistiques, et une réflexion sociétale sur les usages et les pratiques de déplacement.
Pour le Maroc, cette mutation représente un tournant stratégique : réduire sa dépendance énergétique, améliorer la qualité de vie en ville, et faire du secteur des transports un levier de croissance verte et inclusive. Entre volontarisme politique et initiatives privées, le royaume semble prêt à relever le défi – mais l’urgence climatique commande d’accélérer encore.