Régulation économique au Maroc : vers un nouveau pacte entre l’État et le marché

Régulation économique au Maroc : vers un nouveau pacte entre l’État et le marché
Dans un contexte international instable, le Maroc poursuit sa mue économique avec une régulation de plus en plus stratégique, visant à concilier développement durable, attractivité des investissements et justice sociale. La réforme de la régulation économique, longtemps considérée comme technique et périphérique, devient aujourd’hui un levier central de transformation structurelle.
Un État régulateur plus proactif
Le Royaume s’éloigne peu à peu du modèle de l’État interventionniste direct pour adopter une posture d’État stratège et régulateur, notamment à travers les agences de régulation sectorielles (ANRT, AMMC, Autorité de la concurrence, etc.). Ces entités sont appelées à jouer un rôle plus actif pour garantir la transparence des marchés, lutter contre les positions dominantes et encourager la concurrence au service des consommateurs.
L’exemple de l’Autorité de la concurrence, qui s’est récemment prononcée sur plusieurs dossiers sensibles liés à la concentration économique dans la distribution des carburants ou les télécoms, montre une montée en puissance de la régulation comme contre-pouvoir économique.
Une régulation au service de l’inclusion
Au-delà des enjeux de compétitivité, la régulation économique est aussi mobilisée pour réduire les inégalités et garantir un accès équitable aux services essentiels. Le chantier de la généralisation de la protection sociale, par exemple, impose une régulation fine des acteurs de santé, des assureurs et des flux financiers liés aux contributions sociales.
L’encadrement des prix dans certains secteurs sensibles (transport, produits alimentaires de base, logement social) reste aussi un outil ponctuellement utilisé pour protéger les couches les plus vulnérables, bien que le gouvernement cherche à réduire progressivement son intervention directe.
Nouveaux défis : numérique, climat et intelligence économique
Les défis contemporains obligent à une refonte des instruments de régulation. Le numérique, la transition énergétique, les données personnelles ou encore la souveraineté industrielle exigent des régulateurs de nouvelles compétences et une veille stratégique permanente.
Par ailleurs, la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, l’évasion fiscale et les fraudes aux subventions publiques nécessite un croisement des données, des partenariats internationaux et une montée en compétence des institutions.
La régulation économique n’est plus une affaire technique mais un pilier central de la politique publique marocaine. Elle cristallise désormais les tensions entre croissance, équité et souveraineté. La décennie 2025-2035 sera décisive pour en faire un véritable moteur de confiance et de stabilité.