Transport ferroviaire : Le rêve de la grande vitesse africaine sur les rails ?

Transport ferroviaire : Le rêve de la grande vitesse africaine sur les rails ?
Longtemps considéré comme un luxe réservé aux pays développés, le train à grande vitesse (TGV) s’impose peu à peu dans le paysage africain. Si le Maroc a marqué un tournant historique en 2018 avec la mise en service d’Al Boraq, premier TGV du continent, d’autres pays regardent aujourd’hui avec ambition cette solution de transport moderne, rapide et écologique. Une dynamique qui pourrait redessiner les connexions intra-africaines, à condition de relever de lourds défis économiques et logistiques.
Le Maroc, pionnier du TGV africain
Avec sa ligne Tanger-Casablanca, le Maroc a été le premier pays d’Afrique à faire circuler un train à grande vitesse. Inauguré en novembre 2018, Al Boraq symbolise la volonté marocaine de moderniser ses infrastructures ferroviaires et de renforcer la mobilité entre les grandes villes du royaume. Le projet, fruit d’un partenariat avec la France, a nécessité un investissement d’environ 2 milliards d’euros. Depuis sa mise en service, le TGV marocain connaît une fréquentation croissante, preuve que la demande est bien réelle.
Le royaume ne compte pas s’arrêter là. L’Office National des Chemins de Fer (ONCF) prévoit l’extension du réseau grande vitesse vers Marrakech, puis Agadir, avec une ambition claire : relier les grandes métropoles du pays pour booster l’économie et le tourisme intérieur.
Un effet d’entraînement sur le continent ?
Le succès d’Al Boraq a suscité l’intérêt de plusieurs pays africains. En Égypte, un mégaprojet ferroviaire de près de 2 000 km est en cours avec Siemens Mobility, visant à relier la Méditerranée à la mer Rouge. L’Afrique du Sud, de son côté, envisage de moderniser ses lignes existantes et de lancer des lignes rapides entre Johannesburg et Durban. En Afrique de l’Ouest, le Nigéria a lancé plusieurs projets de réhabilitation ferroviaire, avec l’objectif d’augmenter la vitesse des trains, même si l’on reste encore loin du niveau du TGV.
Ces projets témoignent d’un changement de paradigme : le rail n’est plus seulement un héritage colonial à entretenir, mais une infrastructure stratégique pour l’intégration économique régionale.
Des défis de taille à surmonter
Malgré ces ambitions, les obstacles sont nombreux. Le coût des infrastructures à grande vitesse est particulièrement élevé et nécessite des partenariats internationaux, souvent avec des entreprises chinoises ou européennes. Le financement, la gouvernance des projets et l’entretien du matériel constituent des points critiques. De plus, dans plusieurs pays, le réseau ferroviaire existant est vétuste ou inexistant, ce qui limite les possibilités de développement rapide.
Un autre enjeu majeur est la coordination régionale. Pour que le train à grande vitesse devienne un outil d’intégration continentale, il faudra dépasser les frontières nationales et harmoniser les standards techniques, administratifs et douaniers.
Une vision à long terme pour une Afrique connectée
La grande vitesse ferroviaire ne se développera pas du jour au lendemain sur le continent, mais elle incarne une vision audacieuse : celle d’une Afrique connectée, rapide, verte et tournée vers l’avenir. Au-delà du symbole, c’est un outil structurant qui pourrait transformer les dynamiques économiques et sociales. Encore faut-il que la volonté politique s’accompagne de stratégies durables, inclusives et réalistes.