Transport public au Maroc : à quand une véritable révolution des mobilités urbaines ?

Transport public au Maroc : à quand une véritable révolution des mobilités urbaines ?
Face à l’urbanisation rapide, à la saturation des routes et à l’urgence climatique, la question du transport public au Maroc s’impose comme un enjeu stratégique majeur. Mais malgré les investissements réalisés ces dernières années, notamment dans les tramways, bus à haut niveau de service (BHNS) et autoroutes, l’offre reste souvent inadaptée, inégalitaire et insuffisamment interconnectée. Un constat qui appelle à une réforme systémique des mobilités urbaines.
Une offre morcelée, des usagers désabusés
Dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat, Tanger ou Marrakech, les citoyens font quotidiennement face à une offre de transport publique encore fragmentée :
Des bus vétustes, peu ponctuels et parfois absents en périphérie,
Des taxis collectifs peu réglementés et souvent chers pour les usagers à faibles revenus,
Une cohabitation difficile entre différents moyens de transport (tramway, bus, taxis, covoiturage, transport informel).
Le résultat : une mobilité contrainte, coûteuse en temps et en énergie, avec un impact direct sur la productivité des actifs et l’inclusion sociale des populations défavorisées.
Des projets structurants, mais encore trop localisés
Le Maroc ne manque pourtant pas d’ambitions. La mise en service de plusieurs lignes de tramway à Casablanca et Rabat, l’introduction de bus modernes à Marrakech ou encore la création de pôles d’échange multimodaux témoignent d’une volonté de modernisation.
Mais ces efforts restent concentrés dans quelques grandes villes, laissant de côté les villes moyennes et les zones périurbaines où vivent une grande partie des Marocains. De plus, l’absence d’une véritable politique d’intermodalité empêche les usagers de passer facilement d’un mode de transport à un autre.
L’urgence d’un schéma national intégré de mobilité urbaine
Ce qui manque cruellement, selon les experts, c’est une vision nationale coordonnée de la mobilité urbaine. Un schéma directeur, pensé à l’échelle du territoire, qui allierait :
Transports en commun performants et accessibles,
Mobilité douce (vélo, marche à pied),
Intégration tarifaire entre les différents opérateurs,
Numérisation des services (applications, paiement sans contact, informations en temps réel),
Réduction des émissions de CO₂.
Sans une gouvernance claire et une régulation renforcée des opérateurs privés, les efforts resteront dispersés et les inégalités territoriales continueront de se creuser.
Une opportunité à saisir : la transition verte
Le transport est l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au Maroc. La décarbonation du secteur est donc essentielle pour atteindre les objectifs climatiques du Royaume.
Cela passe notamment par :
le renouvellement des flottes vers des véhicules électriques ou hybrides,
le développement d’infrastructures cyclables,
des incitations fiscales à l’achat de véhicules propres,
et la promotion du covoiturage encadré et du transport à la demande.
Le chantier est colossal, mais il offre au Maroc l’occasion de concilier transition écologique, justice sociale et croissance urbaine maîtrisée.
Conclusion
Réformer les transports urbains ne consiste pas simplement à multiplier les lignes de bus ou de tramway. Il s’agit de repenser la ville et de placer l’humain, la planète et l’équité au cœur des mobilités. Le Maroc a posé les premières pierres. Reste à bâtir un système cohérent, connecté et durable, au service de tous les citoyens, pas seulement des grandes métropoles.