Transport urbain en Afrique : entre urgence de modernisation et défis d’inclusion

Transport urbain en Afrique : entre urgence de modernisation et défis d’inclusion
La croissance rapide des villes africaines transforme profondément les besoins en mobilité urbaine. À l’horizon 2050, plus de 60 % de la population africaine vivra en milieu urbain, contre 40 % aujourd’hui. Face à cette transition démographique et spatiale, les systèmes de transport actuels, souvent vétustes, informels ou saturés, peinent à suivre le rythme. Moderniser les infrastructures, structurer l’offre et inclure les populations vulnérables devient une priorité stratégique pour les États comme pour les collectivités locales.

Des systèmes informels mais indispensables
Dans de nombreuses villes africaines, les taxis collectifs, les motos-taxis, les minibus ou les tricycles représentent la colonne vertébrale de la mobilité urbaine. Bien que non réglementés, ces modes de transport sont agiles, bon marché, et répondent à l’urgence quotidienne des déplacements. Mais ils posent aussi des problèmes de sécurité, de pollution, de congestion et d’exploitation précaire des conducteurs.

La régularisation et l’intégration de ces systèmes dans un schéma global de mobilité, via des plateformes numériques ou des politiques tarifaires cohérentes, est un chantier en cours dans plusieurs capitales africaines, à l’image de Kigali, Accra ou Rabat.

Des projets ambitieux, mais inégaux
Le continent voit émerger des projets de grande envergure : tramways à Rabat, Alger ou Addis-Abeba ; bus rapides (BRT) à Dakar, Abidjan ou Lagos ; métros à Casablanca et Le Caire. Ces infrastructures modernisent le paysage urbain, désenclavent certains quartiers, et symbolisent une volonté politique de transformation.

Cependant, l’impact réel reste limité lorsque ces projets ne s’accompagnent pas de politiques tarifaires inclusives, de connexions efficaces avec les zones périphériques, ou d’une implication active des usagers dans la planification.

Vers une mobilité plus verte et durable ?
Le transport est un secteur fortement émetteur de CO₂, et l’Afrique subit de plein fouet les effets du changement climatique. Plusieurs initiatives, comme le recours aux bus électriques (notamment au Rwanda ou au Kenya), ou l’essor de services de mobilité partagée à faibles émissions, ouvrent la voie à une transition vers des villes plus durables. Mais les coûts initiaux élevés, l’accès difficile aux technologies propres et le manque de normes techniques freinent cette dynamique.

Inclusion, sécurité et genre : les angles morts des politiques publiques
Les femmes, les personnes en situation de handicap, les habitants des quartiers informels ou les travailleurs précaires sont souvent exclus des dispositifs de mobilité urbaine classiques. L’enjeu est aussi social : garantir un accès équitable, sûr et digne au transport public, en tenant compte des réalités locales.

La révolution de la mobilité en Afrique ne se jouera pas uniquement sur l’infrastructure ou la technologie. Elle dépendra de la capacité à articuler innovation, gouvernance et justice sociale, pour bâtir des villes où se déplacer est un droit et non un privilège. Un défi collectif pour un continent en mouvement.

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