Cameroun : une nouvelle cimenterie à Figuil pour booster la souveraineté industrielle

Cameroun : une nouvelle cimenterie à Figuil pour booster la souveraineté industrielle

Une infrastructure stratégique dans le nord du pays
Le Cameroun franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de développement industriel avec l’annonce de la construction d’une nouvelle cimenterie à Figuil, dans la région du Nord. Ce projet, porté par les autorités camerounaises en partenariat avec un consortium d’investisseurs privés nationaux et étrangers, vise à renforcer la production locale de ciment, réduire la dépendance aux importations et créer une dynamique économique durable dans une région longtemps marginalisée.

Le choix de Figuil n’est pas anodin. Déjà dotée d’une cimenterie exploitée par CIMENCAM (filiale du groupe LafargeHolcim), la ville dispose d’un gisement calcaire important, condition essentielle pour une production compétitive et à grande échelle.

Un projet pour répondre à une demande nationale croissante
Le marché camerounais du ciment est en pleine expansion, tiré par la croissance démographique, l’urbanisation rapide et les projets d’infrastructures publiques, notamment les routes, les logements sociaux et les ouvrages de génie civil. Malgré la présence de plusieurs unités de production dans le pays (à Douala, Kribi, Limbe et Figuil), la demande excède encore l’offre disponible, provoquant des tensions sur les prix et des pénuries ponctuelles dans certaines zones.

Avec une capacité de production estimée à 500 000 tonnes par an, la nouvelle usine devrait contribuer à stabiliser le marché, mais aussi à renforcer la souveraineté industrielle du Cameroun face à un secteur historiquement dominé par des groupes multinationaux.

Un levier d’emplois et de développement local
La cimenterie de Figuil s’annonce comme un levier de développement local majeur. Le projet prévoit la création directe de plus de 300 emplois pendant la phase de construction, puis environ 150 postes permanents dans l’exploitation. À cela s’ajoutent les effets indirects : sous-traitance locale, logistique, services, restauration, commerce.

Le projet inclut également la réhabilitation de plusieurs infrastructures de base dans la commune : routes d’accès, alimentation en eau, raccordement électrique. Un volet social est en discussion avec les collectivités locales pour intégrer des projets communautaires (écoles, dispensaires, formation professionnelle).

Souveraineté industrielle et réduction du déficit commercial
Au-delà de l’impact régional, ce projet s’inscrit dans la vision nationale de transformation structurelle de l’économie camerounaise. L’industrialisation du pays passe par la valorisation des ressources locales, la production de biens intermédiaires, et la réduction du déficit commercial sur les produits à forte consommation intérieure, comme le ciment.

Aujourd’hui encore, le Cameroun importe une part non négligeable de ciment ou de clinker, principalement d’Asie et du Maghreb. Le renforcement de la production nationale est donc aussi une question de souveraineté économique, dans un contexte mondial de tensions logistiques et de hausse du coût des matières premières.

Une compétition industrielle en mutation
Le secteur camerounais du ciment est depuis plusieurs années en mutation, avec l’arrivée de nouveaux acteurs venus du Nigeria, de Chine ou de Turquie. Cette concurrence accrue a permis de faire baisser les prix, mais elle a aussi mis en lumière les fragilités logistiques et énergétiques du pays, ainsi que les besoins en régulation.

La nouvelle cimenterie de Figuil pourrait contribuer à rééquilibrer le marché, en favorisant un acteur à capital partiellement national, et en promouvant une logique de circuit court.

Reste à voir si la gouvernance du projet, la qualité des installations et le respect des normes environnementales permettront d’asseoir durablement cette ambition.

Conclusion : une pierre de plus dans l’édifice industriel camerounais
La construction de la cimenterie de Figuil ne se résume pas à un investissement isolé. Elle illustre un tournant stratégique dans l’approche du Cameroun vis-à-vis de son développement industriel : privilégier l’exploitation locale des ressources, renforcer les capacités productives, et ancrer les projets dans les réalités sociales et économiques du territoire.

Dans un contexte régional marqué par une compétition croissante autour des matériaux de construction, cette initiative pourrait inspirer d’autres pays africains en quête de souveraineté industrielle et de croissance endogène.

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