Contrefaçon d’or au Maroc : TikTok, nouvelle vitrine du marché noir

Contrefaçon d’or au Maroc : TikTok, nouvelle vitrine du marché noir
La contrefaçon d’or prend une nouvelle dimension au Maroc, où les réseaux sociaux, notamment TikTok, deviennent des canaux privilégiés pour écouler des bijoux frauduleux sur le marché noir. La brigade nationale des douanes a intensifié ses opérations de terrain dans plusieurs villes, dont Casablanca, Meknès et Tanger, pour démanteler un réseau structuré mêlant contrefaçon, contrebande et revente illicite.
Selon des sources proches du dossier, ces actions s’appuient sur les informations recueillies par la cellule de veille et d’analyse des risques, ainsi que sur les opérations de contrôle menées dans les ateliers de bijouterie, aboutissant à la saisie de bijoux portant de faux poinçons officiels et contenant de l’or volé ou de contrebande.
Mélanges frauduleux et flambée des prix
L’enquête a révélé que certains fabricants mélangent délibérément de grandes quantités de cuivre à de l’or, tout en le présentant comme de l’or pur de 18 carats pour profiter de la hausse des prix. Cette fraude cible principalement des consommateurs mal informés, attirés par des offres diffusées sur TikTok et d’autres réseaux sociaux via des lives de vente.
Les autorités renforcent leur coopération : douanes, gendarmerie, sûreté nationale et autorités locales coordonnent des descentes surprises dans les ateliers agréés et les points de vente suspectés, notamment en périphérie de Casablanca et Meknès, où des bijoux contrefaits sont vendus en ligne avant d’être écoulés sur le marché local.
Des circuits transnationaux
Les investigations s’étendent à Safi, où des ateliers sont soupçonnés de fondre des bijoux portant de faux poinçons en provenance de Casablanca pour les mélanger à des métaux locaux. Certains articles seraient également fabriqués avec de l’or de contrebande en provenance de France et d’Italie, modifié pour masquer son origine avant revente.
Les autorités rappellent que la fabrication et le commerce de l’or au Maroc sont strictement encadrés par des contrôles sur les importations, les exportations et le respect des normes de titrage et de poinçonnage. L’Office national du poinçonnage et les équipes de contrôle multiplient les inspections pour lutter contre ce commerce illicite.
Technologie et sanctions à l’appui
Pour identifier les circuits frauduleux, les douanes recourent à des technologies avancées telles que les analyseurs XRF et des bases de données numériques permettant de retracer les transactions suspectes. Les contrevenants s’exposent à des peines sévères, incluant confiscation des marchandises, amendes lourdes et emprisonnement.
Bijouteries dans le viseur
Plusieurs bijouteries de Casablanca et Meknès sont désormais ciblées par les enquêteurs. Ces commerces proposeraient des bijoux affichés comme de l’or 21 carats, un titrage non autorisé au Maroc, induisant les clients en erreur. Les douanes examinent actuellement les liens entre ces points de vente, les ateliers de fabrication et les intermédiaires afin de vérifier la légalité des autorisations et la conformité des produits.
Cette affaire met en lumière les nouveaux défis du commerce illicite d’or au Maroc, à l’heure où le numérique offre de nouvelles opportunités aux réseaux clandestins, tout en soulignant la détermination des autorités marocaines à sécuriser ce secteur stratégique pour l’économie.