Entre ambition et réalité : le bilan du Maroc dans la transition énergétique

Entre ambition et réalité : le bilan du Maroc dans la transition énergétique

Une photographie contrastée de la transition énergétique au Maroc
Le rapport 2025 du Forum économique mondial sur la transition énergétique dresse un bilan nuancé de la trajectoire du Maroc, engagé dans une dynamique de transition tout en affrontant des contraintes structurelles et conjoncturelles. Dans un contexte mondial marqué par les tensions géopolitiques, la hausse continue de la demande énergétique et l’urgence de la décarbonation, le Maroc se positionne comme un acteur ambitieux, mais encore confronté à des défis multiples.

Avec une 70ᵉ place sur 118 pays et un score global de 53,7, le Maroc se situe légèrement en dessous de la moyenne mondiale de 56,9. Il réalise une performance honorable sur le fonctionnement de son système énergétique (58,6), mais affiche un score plus faible sur la préparation à la transition (46,4), illustrant les marges de progression qui subsistent pour opérer un changement structurel profond.

Des avancées notables dans les énergies renouvelables
Le Maroc a su tirer parti de politiques publiques volontaristes pour développer la part des énergies renouvelables dans son mix électrique, avec des projets structurants dans le solaire et l’éolien. Ces avancées ont contribué à améliorer la résilience du système énergétique national tout en réduisant partiellement la dépendance aux énergies fossiles.

Toutefois, le rapport souligne que les pays à revenu intermédiaire comme le Maroc doivent faire face à un coût du capital élevé, pouvant aller jusqu’à sept fois celui des pays développés. Cet obstacle freine la capacité à mobiliser les financements nécessaires pour moderniser les infrastructures énergétiques et développer de nouvelles capacités dans les technologies vertes.

Des défis persistants sur la sécurité énergétique
Malgré les progrès réalisés, le Maroc reste exposé aux fluctuations des marchés mondiaux des énergies fossiles, ce qui rend la sécurité énergétique encore fragile. La dépendance aux importations, combinée à des contraintes logistiques internes, limite la capacité du pays à absorber les chocs extérieurs et à renforcer la flexibilité de son réseau énergétique.

Le rapport met également en avant la nécessité d’améliorer la résilience des infrastructures pour accompagner l’intégration croissante des énergies renouvelables et assurer une continuité d’approvisionnement dans les zones les plus vulnérables.

Préparation et équité : des leviers encore à renforcer
Avec un score de préparation de 46,4, le Maroc doit renforcer plusieurs volets essentiels de sa transition :
– Capacités réglementaires adaptées et stables,
– Formation d’un capital humain qualifié,
– Développement des infrastructures numériques et physiques,
– Création d’un écosystème d’innovation local.

Ces leviers sont essentiels pour attirer et sécuriser les investissements dans les technologies propres, tout en assurant la montée en compétences des acteurs locaux.

Sur le plan de l’équité, le Maroc affiche des résultats encourageants en matière d’accès à l’électricité, avec une couverture nationale élevée et une politique tarifaire qui limite les risques d’exclusion énergétique. Toutefois, des écarts persistent entre zones urbaines et rurales, nécessitant des politiques de soutien plus inclusives pour garantir que la transition énergétique bénéficie à l’ensemble de la population.

Une dynamique régionale à consolider
Dans la région MENA, le Maroc se situe au-dessus de pays comme l’Algérie ou l’Égypte, mais reste derrière la Tunisie ou la Jordanie. Cette situation intermédiaire reflète à la fois le potentiel et les contraintes rencontrés par le Maroc dans sa transition énergétique.

Le pays bénéficie d’atouts majeurs, tels que son potentiel solaire exceptionnel, sa position géographique favorable pour les interconnexions électriques, et sa stratégie affirmée dans le domaine de l’hydrogène vert. Toutefois, la réussite de cette dynamique régionale dépendra de la capacité du Maroc à transformer ses ambitions en réalisations concrètes.

Quels leviers pour accélérer la transition ?
Le rapport du Forum économique mondial identifie cinq priorités clés pour renforcer la résilience énergétique des pays en développement :
– Des cadres réglementaires stables,
– La modernisation des réseaux,
– Le développement des compétences,
– La commercialisation des technologies propres,
– La mobilisation des capitaux.

Ces priorités rejoignent les orientations des institutions marocaines, comme l’AMEE, Masen et l’ONEE, qui œuvrent pour déployer des solutions adaptées et attractives pour les investisseurs, tout en soutenant l’innovation locale.

Conclusion : aligner ambition, exécution et résilience
La trajectoire du Maroc dans la transition énergétique incarne un équilibre entre ambition et contraintes structurelles. Les efforts engagés dans le développement des énergies renouvelables doivent désormais s’accompagner d’investissements ciblés dans l’innovation, les infrastructures et la formation pour assurer une transition inclusive et durable.

Le rapport du Forum économique mondial le rappelle : au-delà des engagements affichés, l’efficacité d’une stratégie énergétique réside dans sa capacité à se traduire en projets concrets et impactants sur le terrain. Dans un environnement mondial incertain, le succès du Maroc dépendra de sa faculté à aligner ambition, exécution et résilience, tout en construisant une économie énergétique sobre, compétitive et socialement inclusive.

 

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