Maintien du taux directeur : Bank Al-Maghrib entre vigilance et continuité

Maintien du taux directeur : Bank Al-Maghrib entre vigilance et continuité
Une décision attendue dans un contexte économique incertain
Lors de sa réunion trimestrielle de politique monétaire, Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir son taux directeur inchangé, confirmant sa posture prudente face à une conjoncture encore marquée par des incertitudes aussi bien nationales qu’internationales. Cette décision s’inscrit dans une stratégie de stabilité monétaire, visant à préserver les équilibres fondamentaux sans freiner les dynamiques de reprise économique.
Depuis la dernière hausse intervenue en 2023 pour contenir l’inflation, la banque centrale a opté pour une pause prolongée, laissant le taux directeur à 3 %, niveau considéré comme équilibré pour soutenir la demande tout en maîtrisant les tensions inflationnistes.
Une inflation sous contrôle, mais une reprise inégale
L’un des principaux facteurs justifiant ce statu quo réside dans l’évolution récente de l’inflation, qui montre des signes de modération. Après avoir atteint des niveaux préoccupants entre 2022 et 2023, l’inflation s’est stabilisée autour de 2,3 % à l’échelle nationale, notamment grâce au repli des prix de l’énergie et à la normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement.
Cependant, cette désinflation technique ne masque pas les fragilités persistantes de la reprise économique. Si certains secteurs comme l’automobile, les phosphates et le tourisme enregistrent des performances encourageantes, d’autres – notamment l’agriculture et les services à faible valeur ajoutée – peinent à retrouver leur rythme d’avant-crise.
Une politique monétaire sous contrainte
En maintenant son taux directeur, Bank Al-Maghrib opère un équilibre délicat : d’un côté, éviter d’alourdir davantage le coût du crédit pour les entreprises et les ménages ; de l’autre, ne pas relâcher trop vite l’effort de stabilisation engagé face aux pressions inflationnistes des dernières années.
Cette prudence est renforcée par le contexte international : la Banque centrale européenne (BCE) a entamé une légère détente de sa politique monétaire, tandis que la Réserve fédérale américaine reste plus attentiste. Dans ce paysage, le Maroc cherche à préserver sa crédibilité macroéconomique, tout en gardant une certaine souplesse pour agir en cas de choc.
Des signaux à surveiller au second semestre
Le gouverneur Abdellatif Jouahri a souligné que Bank Al-Maghrib reste attentive à l’évolution des principaux indicateurs : croissance, inflation, crédit bancaire, taux de change, et flux d’investissement. Le second semestre 2025 pourrait, selon les analystes, offrir plus de visibilité quant à l’orientation future de la politique monétaire.
Parmi les facteurs à surveiller figurent :
– La performance de la campagne agricole, encore incertaine malgré des pluies relativement favorables.
– La reprise du crédit au secteur privé, qui reste timide.
– L’évolution de la demande intérieure, soumise aux tensions sur le pouvoir d’achat.
Conclusion : un cap maintenu, mais pas figé
Le maintien du taux directeur par Bank Al-Maghrib illustre une volonté de continuité dans un cadre de vigilance renforcée. L’institution monétaire privilégie la stabilité, tout en gardant des marges de manœuvre pour ajuster sa stratégie en fonction de la conjoncture.
Dans un environnement où la prudence s’impose, cette posture conforte les marchés et les partenaires économiques du Maroc. Mais elle appelle aussi à une action coordonnée du côté budgétaire, pour relancer l’investissement public, améliorer l’efficacité des dépenses, et accompagner les réformes structurelles nécessaires à une croissance durable.