Casablanca engage 2,2 milliards de dirhams pour renforcer sa connectivité ferroviaire régionale : un pari stratégique pour le développement durable et la mobilité urbaine

Casablanca engage 2,2 milliards de dirhams pour renforcer sa connectivité ferroviaire régionale : un pari stratégique pour le développement durable et la mobilité urbaine
Contexte et enjeux majeurs
Casablanca, capitale économique du Maroc, se lance dans un chantier ambitieux visant à renforcer sa connectivité ferroviaire régionale, avec un investissement de 2,2 milliards de dirhams (environ 220 millions d’euros). Cette enveloppe s’inscrit dans le cadre d’un plan global d’infrastructures de 3,75 milliards de dollars (près de 37,5 milliards de dirhams), soutenu notamment par la Banque mondiale, visant à moderniser le réseau express régional (RER) du Grand Casablanca.
Avec une population en croissance continue — plus de 7 millions d’habitants dans la métropole et plus de 13 % de la population marocaine dans la région Casablanca-Settat — la pression sur les infrastructures de transport est immense. Casablanca représente environ 60 % des échanges commerciaux de la région, ce qui accentue la nécessité d’une mobilité fluide pour soutenir son rôle de moteur économique national.
L’objectif de cet investissement : offrir aux habitants et aux entreprises une meilleure connectivité, désengorger les axes routiers saturés, et offrir une alternative durable face à la montée des enjeux environnementaux.
Des projets structurants en cours de réalisation
Cet investissement de 2,2 milliards de dirhams est fléché vers plusieurs chantiers prioritaires. Le plus emblématique est la construction de la gare Casablanca-Sud (située dans le quartier Hay Nassim), appelée à devenir un hub multimodal stratégique reliant trains à grande vitesse (LGV), réseau express régional, tramways et bus. Ce hub vise à fluidifier les correspondances et faciliter les déplacements intermodaux, élément clé pour une mobilité urbaine moderne et efficace.
Dans le même temps, la ligne ferroviaire Oasis – Aéroport Mohammed V bénéficie d’une modernisation complète, réalisée par le groupe français NGE, pour un montant de plus d’un milliard de dirhams. Cette rénovation inclut la mise à niveau de cinq gares et des interconnexions LGV, renforçant l’attractivité et la rapidité du transport entre Casablanca et son principal aéroport international.
Par ailleurs, le projet RER visant à connecter Casablanca à ses villes satellites (Mohammedia, Settat, Nouaceur) se voit doté d’une enveloppe de 1,1 milliard de dirhams. Le défi est de taille : il s’agit d’offrir des trains cadencés toutes les 30 minutes, voire toutes les 7 minutes 30 sur certains axes, afin de répondre aux besoins croissants de déplacements quotidiens des populations périurbaines.
Enfin, une autre dimension importante est la poursuite de l’extension du réseau LGV, avec la volonté d’étendre la ligne Tanger-Kénitra jusqu’à Marrakech, puis Agadir, soit près de 430 kilomètres supplémentaires à grande vitesse, pour renforcer la connectivité entre les régions du Maroc.
Enjeux sociaux, économiques et environnementaux
Au-delà de l’aspect purement technique, ce programme s’inscrit dans une logique d’inclusion sociale. Casablanca et sa région concentrent une part importante des inégalités territoriales au Maroc. Une meilleure mobilité signifie un accès élargi à l’emploi, aux services publics et aux équipements urbains. Pour les populations souvent contraintes de longues heures de trajet dans des conditions difficiles, cette amélioration représente un véritable levier d’égalité des chances.
Sur le plan économique, l’investissement dans le ferroviaire est un facteur clé de compétitivité. Casablanca étant un hub logistique majeur avec un port parmi les plus importants de la Méditerranée, la modernisation du transport ferroviaire du fret est indispensable pour réduire la congestion des routes, optimiser la chaîne d’approvisionnement, et attirer de nouveaux investisseurs.
L’impact environnemental est également majeur : le transfert modal du fret de la route vers le rail devrait permettre de retirer l’équivalent de 1300 voitures des routes chaque jour, contribuant ainsi à la réduction des émissions de CO₂ et à l’amélioration de la qualité de l’air dans la métropole.
Défis techniques et gouvernance
Toutefois, la mise en œuvre d’un tel plan est complexe. Elle implique de relever plusieurs défis majeurs. D’abord, les enjeux techniques : modernisation des infrastructures, signalisation, caténaires, interconnexion entre différents modes de transport, et respect des délais stricts fixés, notamment en vue de la Coupe du Monde 2030 qui aura lieu au Maroc.
Ensuite, la coordination entre les multiples acteurs (ONCF, État, collectivités territoriales, partenaires financiers internationaux) doit être optimale pour assurer une gestion efficace des ressources et une bonne gouvernance du projet.
Le contrat-programme multi-annuel entre l’Office National des Chemins de Fer (ONCF) et l’État, incluant un financement stable et une évaluation régulière à travers le Programme-for-Results (PforR) de la Banque mondiale, est un outil essentiel pour garantir la pérennité et la transparence de ce programme.
Perspectives et impacts à moyen terme
Si les objectifs sont atteints, Casablanca pourra offrir d’ici 2030 un système de transport intégré, performant et durable, capable de répondre aux besoins de mobilité d’une métropole en forte croissance.
Cette réussite aura des retombées positives importantes :
Amélioration du cadre de vie des habitants grâce à des temps de transport réduits, un meilleur confort et une sécurité accrue.
Stimulation de l’économie locale et régionale, avec une attractivité renforcée pour les entreprises et les investisseurs.
Contribution à la stratégie nationale de développement durable et à la lutte contre le changement climatique.
En somme, l’investissement de 2,2 milliards de dirhams dans la connectivité ferroviaire régionale n’est pas seulement un projet d’infrastructure. C’est un levier stratégique pour transformer Casablanca en une métropole moderne, inclusive et respectueuse de l’environnement, au cœur de la dynamique économique et sociale marocaine.
Conclusion : un pari ambitieux à suivre de près
Le défi est de taille, mais l’enjeu est à la hauteur des ambitions du Maroc pour sa première métropole. Le succès de ce programme dépendra de la capacité des acteurs publics et privés à coordonner leurs efforts, à maîtriser les risques techniques, et à garantir un financement stable sur le long terme.
Casablanca pourrait devenir un modèle de mobilité durable en Afrique, une ville capable d’allier croissance économique et qualité de vie. Cette transformation ferroviaire s’inscrit ainsi dans une vision plus large, celle d’un Maroc tourné vers l’avenir, connectée, innovante, et responsable.