Finance participative : le Maroc prépare son retour sur le marché des sukuk d’ici fin 2025

Finance participative : le Maroc prépare son retour sur le marché des sukuk d’ici fin 2025
Le Maroc se prépare à relancer le marché des obligations islamiques, sukuk, avec une émission souveraine envisagée avant la fin de l’année 2025. Ce retour intervient sept ans après la première opération de ce type, réalisée en 2018, et s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification des instruments de financement, en lien avec les investissements prévus pour la Coupe du monde 2030.
En marge du 23ᵉ Forum sur la Stabilité Financière Islamique, organisé à Rabat le 3 juillet, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a confirmé que le gouvernement marocain étudie cette émission, tout en précisant que le choix de la devise – dirham ou devise étrangère – n’est pas encore arrêté.
Un secteur encore marginal
Depuis l’expiration en 2023 des sukuk émis en 2018, le Maroc s’est principalement tourné vers des emprunts conventionnels pour financer ses besoins budgétaires. En avril 2025, le Royaume a levé 2 milliards d’euros sur les marchés internationaux, avec des maturités de quatre et dix ans, et un rendement proche de 4,7 % sur la tranche longue.
Introduite officiellement en 2017, la finance participative reste encore marginale dans le système financier marocain, représentant seulement 2 % des actifs bancaires. Aucun sukuk émis par des acteurs privés n’a encore vu le jour, malgré l’existence d’un cadre réglementaire complet.
Lever les freins pour accélérer le marché
Le gouverneur de Bank Al-Maghrib a identifié plusieurs obstacles au développement de la finance islamique, notamment un manque de liquidité et des lenteurs administratives qui freinent l’approbation de nouveaux produits financiers. Toutefois, les autorités marocaines entendent lever ces freins pour permettre aux sukuk de jouer un rôle actif dans le financement de projets structurants, notamment dans le secteur de la transition énergétique.
Cette nouvelle émission pourrait également soutenir les ambitions du Royaume à l’approche de la Coupe du monde 2030, co-organisée avec l’Espagne et le Portugal, qui nécessitera des investissements massifs dans les infrastructures et les services.
Rappel de la première émission en 2018
La première émission de sukuk souverains au Maroc avait été réalisée le 5 octobre 2018 par le ministère de l’Économie et des Finances. Il s’agissait de certificats de type Ijara, d’un montant de 1 milliard de dirhams sur cinq ans, offrant un rendement annuel de 2,66 %. L’opération avait rencontré un fort engouement, avec un taux de sursouscription de 3,6 fois, et les sukuk étaient adossés à des actifs immobiliers de l’État, assurant aux investisseurs des revenus sous forme de loyers.
Une relance stratégique pour la finance participative
« Nous sommes encore jeunes dans le domaine de la finance islamique, mais nous avons parcouru un chemin important depuis 2017 », a déclaré Abdellatif Jouahri, soulignant l’engagement des autorités à faire de ce secteur un levier de financement pour le développement.
Avec cette relance des sukuk, le Maroc réaffirme sa volonté de diversifier ses sources de financement tout en consolidant la place de la finance participative dans son écosystème financier, dans une perspective de développement durable et d’inclusion économique.