L’Afrique face au défi de la souveraineté énergétique : vers une révolution verte ou un mirage ?

L’Afrique face au défi de la souveraineté énergétique : vers une révolution verte ou un mirage ?
Alors que les prix de l’énergie flambent et que la transition énergétique devient une priorité mondiale, l’Afrique se retrouve à la croisée des chemins. Riche en ressources naturelles (soleil, vent, hydroélectricité, gaz), le continent pourrait devenir un pôle majeur de production d’énergie verte. Mais dans les faits, plus de 600 millions d’Africains vivent encore sans accès fiable à l’électricité. La souveraineté énergétique reste donc un horizon lointain, entre dépendance technologique, investissements insuffisants et priorités géopolitiques.
Un paradoxe énergétique criant
Le continent africain regorge de ressources :
60 % du potentiel solaire mondial inexploité ;
Des rivières et fleuves capables de fournir d’immenses capacités hydroélectriques ;
Des gisements de gaz au Mozambique, Nigeria, Algérie, ou Sénégal.
Et pourtant, selon l’AIE, l’Afrique ne capte que 2 % des investissements mondiaux en énergies renouvelables. L’essentiel de sa consommation repose encore sur le bois, le charbon ou le diesel.
Vers une transition énergétique “juste” ?
Les institutions internationales plaident pour une transition verte « juste » : sans compromettre le développement économique ni aggraver les inégalités. Certains pays africains, comme le Kenya ou l’Afrique du Sud, ont entamé une mue énergétique encourageante. Le Maroc, avec Noor Ouarzazate, est déjà un leader africain du solaire. Mais ces exemples restent trop isolés.
Le problème ? Les financements climatiques promis au Sud tardent à se concrétiser. De plus, les chaînes de valeur restent largement contrôlées par des entreprises étrangères, réduisant l’impact local des projets.
Une souveraineté passe aussi par l’industrialisation
Produire de l’électricité ne suffit pas. Il faut aussi créer une industrie locale capable de fabriquer, entretenir et recycler les équipements (panneaux, batteries, turbines…). Sans cela, la dépendance technologique persiste, et les bénéfices économiques échappent aux pays producteurs.
L’enjeu de l’électrification rurale
Au-delà des mégaprojets, c’est l’accès à l’électricité dans les zones rurales qui conditionne la transformation du continent. Des solutions existent : mini-réseaux solaires, kits domestiques, partenariats public-privé… À condition d’impliquer les communautés, de former des techniciens locaux et de favoriser des modèles d’affaires durables.
Conclusion
La souveraineté énergétique africaine est possible. Mais elle suppose une révision profonde des modèles actuels : plus de coopération régionale, de transparence, de formation, et un vrai transfert de compétences. Il ne s’agit pas seulement d’allumer la lumière — mais de construire un avenir durable, autonome et résilient.