Maroc : croissance à 4,6 % en 2025, entre espoir et prudence

Maroc : croissance à 4,6 % en 2025, entre espoir et prudence
Une reprise économique portée par plusieurs moteurs
Selon les récentes prévisions du Haut-Commissariat au Plan (HCP) et de plusieurs institutions financières internationales, le Maroc devrait enregistrer un taux de croissance de 4,6 % en 2025. Ce rebond marque une amélioration notable après une année 2024 marquée par des aléas climatiques, une conjoncture internationale tendue, et un ralentissement des investissements privés.
Les analystes attribuent cette dynamique positive à plusieurs facteurs convergents : le retour de bonnes performances agricoles après une saison 2024 difficile, la relance des projets d’infrastructure, la stabilité relative des prix de l’énergie, et la montée en puissance de secteurs porteurs comme l’automobile, l’aéronautique, ou encore les énergies renouvelables.
Une croissance encore sensible aux incertitudes extérieures
Toutefois, cette prévision de 4,6 % ne saurait occulter les fragilités structurelles de l’économie marocaine. Si la croissance s’annonce plus soutenue qu’en 2024, elle reste dépendante de plusieurs aléas internationaux : la volatilité des cours des matières premières, l’évolution des taux d’intérêt dans la zone euro, et les tensions géopolitiques mondiales qui influent sur le commerce et les flux d’investissement.
En outre, l’économie marocaine demeure vulnérable aux chocs climatiques, en raison de sa forte dépendance à l’agriculture pluviale, qui représente toujours environ 12 % du PIB et occupe une part significative de la population active.
Une reprise sectorielle contrastée
Le retour à une croissance plus dynamique est porté en premier lieu par l’agriculture, dont les prévisions indiquent une nette amélioration des rendements grâce à des précipitations plus régulières et à une meilleure gestion des ressources hydriques dans certaines régions.
Le secteur industriel, notamment l’automobile, continue de tirer la croissance, avec une montée en gamme des exportations, l’arrivée de nouveaux investissements dans les zones industrielles de Kénitra, Tanger Med et Casablanca, ainsi que l’intégration accrue de la production marocaine dans les chaînes de valeur mondiales.
Quant au tourisme, il poursuit sa reprise progressive avec une augmentation des arrivées internationales, notamment en provenance d’Espagne, du Royaume-Uni et d’Amérique du Nord, stimulée par une politique active de promotion à l’international.
Les défis de l’emploi et du pouvoir d’achat
Malgré les signaux positifs, les effets de cette croissance sur l’emploi et le pouvoir d’achat restent incertains. Le taux de chômage, notamment chez les jeunes diplômés et en milieu urbain, demeure élevé. Par ailleurs, l’inflation, bien que stabilisée par rapport à 2022-2023, continue d’éroder le revenu réel des ménages les plus modestes.
Les organisations syndicales et plusieurs think tanks économiques plaident pour que la reprise ne se contente pas de stimuler la production, mais qu’elle soit accompagnée d’une politique volontariste de redistribution et de soutien aux secteurs créateurs d’emplois durables.
Une opportunité à consolider par des réformes structurelles
Pour transformer cette embellie conjoncturelle en croissance structurelle, plusieurs experts appellent à accélérer la mise en œuvre des grandes réformes annoncées : réforme de la fiscalité, amélioration du climat des affaires, décentralisation économique, et montée en compétences du capital humain.
L’année 2025 apparaît donc comme un point de bascule : elle peut ouvrir une séquence de croissance soutenue, à condition que les réformes engagées se traduisent sur le terrain par des résultats mesurables, notamment en matière d’emploi, de compétitivité, et d’inclusion sociale.
Conclusion : vigilance et vision long terme
Le Maroc entre en 2025 avec une prévision de croissance encourageante, mais dans un contexte régional et mondial encore incertain. Entre espoir de relance et nécessité de vigilance, le pays doit transformer cette dynamique en socle durable pour une croissance inclusive.
L’enjeu est moins dans le chiffre en lui-même que dans sa qualité : une croissance qui bénéficie à l’ensemble des territoires, qui stimule la création d’emplois décents, et qui permet au Maroc de franchir un nouveau cap dans sa trajectoire de développement.