L’Europe ferme la porte aux engrais russes, une fenêtre s’ouvre pour le Maroc

L’Europe ferme la porte aux engrais russes, une fenêtre s’ouvre pour le Maroc
L’Union européenne vient d’adopter de nouvelles mesures douanières qui risquent de bouleverser le marché mondial des engrais, créant une opportunité notable pour le Maroc, leader dans ce secteur.
En mai, les députés européens ont voté l’instauration de droits de douane quasi prohibitifs sur les engrais azotés importés de Russie et du Bélarus, dans le cadre des sanctions économiques liées à la guerre en Ukraine. Ces mesures visent à réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie et à priver Moscou d’une source de financement importante.
Depuis le 1er juillet, une nouvelle taxe de 40 euros par tonne pour les engrais azotés et de 45 euros par tonne pour les engrais composés s’ajoute aux droits de 6,5 % déjà en vigueur. Ces droits grimperont progressivement pour atteindre entre 315 et 430 euros par tonne d’ici 2028, selon le type d’engrais concerné.
Un marché européen en mutation
Ces mesures touchent un quart des importations européennes d’engrais azotés, évaluées à 1,3 milliard d’euros par an. En avril dernier, la Russie représentait 27 % des importations européennes d’engrais avec près de 376 000 tonnes exportées. Les nouvelles barrières tarifaires devraient ralentir ce flux, bien que la compétitivité des prix russes demeure élevée.
Le Maroc en position de force
Cette situation ouvre un espace pour le Maroc, acteur majeur de l’industrie des engrais phosphatés et composés. En avril, le Maroc proposait ses engrais à 578 euros la tonne, tandis que l’Égypte, autre fournisseur de référence, affichait des prix autour de 394 euros la tonne pour les engrais azotés.
Ces dernières années, le Royaume a doublé ses capacités de production et d’exportation, tout en orientant ses livraisons vers plusieurs pays africains pour soutenir la sécurité alimentaire du continent. Avec les nouvelles restrictions européennes sur les produits russes, le Maroc pourrait accroître ses parts de marché en Europe, en capitalisant sur sa réputation de producteur fiable et sur ses prix compétitifs.
Une opportunité stratégique
Cette reconfiguration du marché européen des engrais intervient dans un contexte où l’Europe cherche à renforcer son indépendance stratégique, tout en maintenant son niveau de consommation agricole. Pour le Maroc, cette opportunité pourrait se traduire par une consolidation de ses exportations vers l’Europe, tout en continuant à jouer un rôle clé sur le continent africain.
Dans un marché mondial sous tension, la capacité du Maroc à répondre à la demande européenne en hausse, tout en préservant ses engagements en Afrique, sera déterminante pour consolider sa place de leader sur le marché mondial des engrais.